« L’étape la plus difficile » - Neil Maclean-Martin, responsable ‘human performance’

La Volvo Ocean Race est éprouvante, extrêmement longue et représente l’un des tests d'endurance les plus impressionnants de la course au large et même du sport en général. Pour gagner, il faut réaliser quasiment un sans-faute et maintenir une performance proche du 100% sur 11 étapes et durant huit mois.

Depuis le départ d’Alicante en octobre, les marins de Dongfeng Race Team – deuxièmes au général à mi-course – ont traversé l’Atlantique du Nord au Sud, puis l’Océan Indien dans les Quarantièmes Rugissants avant de sillonner par deux fois le Pacifique occidental ralliant Melbourne à la Chine puis à la Nouvelle-Zélande.

Mais le défi le plus difficile de ce tour du monde en équipage est à venir. La septième étape qui part dimanche d’Auckland vers Itajaí au Brésil via le Cap Horn est de loin la plus engagée.

Avec ses 7 600 milles nautiques (14 000 km), c’est la plus longue étape de la course et la deuxième des trois trans-océaniques ‘à double points’, ce qui signifie que le résultat peut avoir un impact considérable sur l’issue de l’épreuve. Le premier concurrent au mythique Cap Horn sera également crédité d’un point de bonus supplémentaire…

Résister aux conditions les plus extrêmes
Neil Maclean-Martin dirige le département ‘Human Performance’ au sein de Dongfeng Race Team (équipage Chine). Il confirme que cette étape est le plus grand défi auquel auront à faire face le skipper français Charles Caudrelier et son équipage de huit marins (six hommes, deux femmes, six nationalités).

« Nous avons naturellement préparé cette étape comme étant la plus difficile de la course, » confie l’Ecossais qui accompagne l’équipe pour la deuxième édition consécutive et a également participé à la campagne America’s Cup de 2017 avec Team France de Franck Cammas.

« Nous savons qu’il va faire très froid – la limite des glaces a été déplacée encore plus Sud cette année – et que la force de la mer sera comme nulle part ailleurs. Et cela ne va pas durer seulement quelques jours mais trois semaines…»


« La dépense de calories des marins sera d’autant plus élevée, » ajoute-t-il. « Leur corps va devoir travailler extrêmement dur pour maintenir sa température centrale, ce qui sera accentué par le fait qu’ils vont porter nuits et jours plusieurs kilos de vêtements et d’équipements de sécurité ; le tout dans un environnement sauvage et particulièrement exposé sur le pont. »

« Ils vont vivre dans les conditions les plus extrêmes que les coureurs au large peuvent rencontrer sur la planète et nous leur fournissons 20% de calories supplémentaires pour qu’ils puissent avoir l’énergie nécessaire, » explique-t-il. « Un marin qui consomme de 5 500 à 6 000 calories par jour passera à 7 500/8 000, avec même la possibilité d’en prendre encore plus durant les périodes où il doit manœuvrer non-stop sur le pont sans pouvoir se reposer. »

Neil Maclean-Martin est basé à Chamonix et suit actuellement l’équipe autour du monde afin d’aider les marins à optimiser leur performance et résistance physiques. Cela se traduit par de la préparation physique, un contrôle physiologique régulier, de la physiothérapie et une alimentation personnalisée. Ce travail de fond est réalisé en synergie avec la cellule en charge de l’analyse des performances sur l’eau managée par le skipper français Fabien Delahaye ainsi que avec le coach mental, Alexis Landais, ancien membre de l’Equipe de France de Judo.



Aussi en forme à mi-course qu’au départ d’Alicante

Neil explique que, par le passé, les équipes considéraient comme inévitable la dégradation physique des marins au fil de la course. Mais, au travers un accompagnent sur mesure et des évaluations en continue, l’objectif de Neil est de prouver que cela ne doit pas être forcément le cas et les résultats observés à mi-course sur les marins de Dongfeng confirment qu’il est sur la bonne voie.

« Nous voulons que les marins arrivent à la fin de chaque étape dans la meilleure condition physique possible et que leur performance ne soit pas compromise par une détérioration physique, » explique-t-il.

« D’un point de vue physiologique – mesuré par des tests sanguins –, il est vraiment satisfaisant de constater que nos marins conservent, à mi-course, toutes les principales valeurs au même niveau qu’au départ d’Alicante et ce, après cinq mois d’épreuve, » révèle-t-il. « Nous ne retrouvons pas non plus les mêmes problèmes (blessures ou altérations physiques ou psychologiques) que nous avions au même stade lors de la dernière course (édition 2014-15). »

Il explique que des progrès font partie d’un ensemble de facteurs qui permettent à l’équipage de Dongfeng de s’élancer en confiance dans le Grand Sud et de pouvoir se concentrer sur une seule chose : régater au meilleur niveau.

« Le travail de ‘human performance’ a pour but de contribuer à mettre les marins en confiance, » poursuit-il. « Si nous pouvons leur prouver qu’ils sont en forme physiologiquement alors cela valide aussi leur investissement dans la préparation physique par exemple. Combinés à l’excellent travail réalisé par l’équipe technique pour préparer le bateau, ces indicateurs actuellement au vert aident les marins à larguer les amarres avec l’assurance qu’ils sont bien armés pour ce challenge dans l’un des endroits les plus reculés du globe. »

Dongfeng occupe la deuxième place du classement général avec 34 points, cinq points derrière le leader de la course, l’équipe espagnole de MAPFRE, skippée par Xabi Fernandez. L’équipe hongkongaise Sun Hung Kai Scallywag, menée par l’Australien David Witt, est troisième avec huit points de retard sur Dongfeng.

C’est la deuxième campagne Volvo Ocean Race de Dongfeng Race Team. En 2014-15, l’équipe a terminé troisième, déjà avec le skipper Charles Caudrelier. En plus de la performance sportive, Dongfeng Race Team s’engage à aider le développement de la course au large en Chine.