Devant notre étrave, il est là, grand, droit et imposant, un rocher, plus haut que les autres, ce Cap. Sous de gros nuages gris, les albatros sont toujours là, présents au grand rendez-vous, volants et battants des ailes, cette fois, comme un au-revoir. La mer du Sud nous fait ses adieux, les trains de houles du Pacifique nous poussent vers la sortie, la délivrance, point de non-retour après une terrible traversée. Il se rapproche, il se dessine et se précise, les nuances, les reliefs, le Cap Horn est à nous, ce Cap, dessiné par tant d’histoires et taché de sacrifices. Il nous observe passer, sous son nez, sans un signe et sans un bruit. On glisse, en silence, la mer s’aplatit, notre sillage s’entrouvre comme pour y déposer une pensée à notre ami resté ici. Ça y est, on pousse la barre, retour vers la maison, après quatre mois loin de toi…Atlantique nous revoilà. Martin