Suspense dans la brume à Newport, Dongfeng termine quatrième

C’est n’est pas humain une fin comme celle-ci ! Après 5 700 milles de course entre Itajaí (Brésil) et Newport (Rhode Island), soit presque l’équivalent de deux transatlantiques et plus de 15 jours de mer, le dénouement de cette huitième étape de la Volvo Ocean Race s’est joué ce midi dans la brume en Baie de Narragansett, avec un vent aux abonnés absents, une marée à contre et une guerre des nerfs qui a duré de longues heures pour finir par rebattre complètement les cartes… Cette nuit, Dongfeng avait repris la tête de la course à Team Brunel, leader depuis six jours. Les Espagnols de MAPFRE, revenus de loin, étaient eux aussi à l’attaque mais les choses se présentaient bien pour l’équipage de Charles Caudrelier même si chacun sait que cette arrivée à Newport peut tourner au véritable casse-tête. Et aujourd’hui, c’était un euphémisme. Les bateaux se sont retrouvés littéralement collés sur une mer d’huile dans un brouillard à couper au couteau. Il a fallu près de six heures pour parcourir cinq milles et, au final, MAPFRE a franchi la ligne en vainqueur, suivi de Team Brunel, Vestas 11th Hour et Dongfeng qui termine quatrième et perd par conséquent sa place de leader au classement général de la course.

Charles Caudrelier en avait les larmes aux yeux au ponton mais le skipper de Dongfeng Race Team est resté ‘sport’ et se tourne vers la prochaine étape transatlantique qui compte double et décidera pour beaucoup de l’issue de la Volvo Ocean Race 2017-18. Il y a exactement trois ans, son équipe avait remporté l’étape à Newport, seulement 3 minutes et 25 secondes devant Abu Dhabi Ocean Racing, le futur vainqueur de l’édition 2014-15. Cette fois-ci, le leader s’appelle MAPFRE, il a trois points d’avance et la course n’est pas terminée.

Charles Caudrelier (FRA), skipper « Honnêtement, quand nous étions à 2,5 milles devant Brunel et à 18 milles de la ligne d’arrivée, nous avons commencé à rêver au meilleur et à la victoire même si nous savions que ce serait compliqué. Nous n’avions pas imaginé que ça puisse l’être autant. Malheureusement, en voile, cela peut se passer parfois comme cela. Je pense que nous avions bien navigué durant l’étape mais, cette nuit, le sort s’est acharné sur nous, peut-être des plastiques dans la quille, je ne sais pas, et on a perdu toute notre avance. On ne s’en est pas rendu compte tout de suite jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que tout le monde allait plus vite que nous. Il y a de la déception c’est sûr. On pensait enfin tenir notre victoire d’étape. C’est comme ça et cela fait partie du sport. La course n’est pas encore terminée, la prochaine étape compte double. Nous reviendrons encore plus motivés. »


Carolijn Brouwer (NEL), régleuse « L’étape était difficile et la fin de course encore plus. C’était très décevant pour nous évidemment. A 15 milles avant l’arrivée, la fin semblait différente, il y a eu un revirement de situation malheureusement défavorable pour nous. Environ 500 mètres avant l’arrivée, mon fils était à Fort Adams. Je ne pouvais pas le voir à cause du brouillard mais je pouvais l’entendre et quand je l’ai finalement vu, c’est à ce moment-là que tu oublies instantanément la fin difficile et le résultat décevant. Quand tu arrives à quai et que tu aperçois ta famille et que tu peux les prendre dans tes bras, tu te rends compte qu’il y a des choses plus importantes. Cela fait partie du jeu et nous allons rebondir et être prêts pour la prochaine étape, mais maintenant, il est temps pour moi de passer du temps avec mon fils Kyle et nos familles. »

Chen Jinhao ‘Horace’ (CHN), équipier d’avant « La dernière fois que nous sommes arrivés à Newport, nous avons gagné la course de peu sur Abu Dhabi, cette fois c’est le contraire. Nous nous sommes arrêtés avec le courant qui nous a fait reculer. Nous regardions les autres bateaux dans l’AIS et ils essayaient de passer par d’autres endroits et ils ont réussi un par un. C’est un moment très décevant mais cela fait partie de la course. Parfois, vous décrochez la victoire, parfois vous devez faire face à des erreurs et parfois, il y a aussi un peu de chance. Cette étape était très difficile mais c’était une expérience de navigation incroyable et j’ai énormément appris. J’ai vraiment apprécié les moments à bord avec l’équipe. C’est tellement dommage que nous n’ayons pas eu ce résultat mais ce n’est pas terminé. »

Il reste encore trois étapes à disputer et notamment la transatlantique Newport-Cardiff (UK), départ le 20 mai, qui compte double et pèsera lourd sur l’issue de la 13e édition de la plus célèbre, la plus longue et la plus intense des courses en équipage