Prêts à en découdre

Alors que les marins de la Volvo Ocean Race 2017-18 se préparent pour le départ dimanche de l'étape la plus extrême de la course, Charles Caudrelier, skipper de Dongfeng, affirme que son équipage est fin prêt à reprendre le duel avec les Espagnols de MAPFRE entre la Nouvelle-Zélande et le Brésil, via le Cap Horn.

« Chacun sait que nous sommes à un moment clé de la course mais nous sommes dans une bonne position et prêts, » confie le Français dont l’équipe porte les couleurs dans la Chine dans la plus légendaire des courses au large en équipage.


« Nous avons cinq points de retard sur MAPFRE mais nous avons les moyens de les battre. Statistiquement, nous avons été plus souvent devant eux que l’inverse mais ils sont de meilleurs ‘finisseurs’. » En effet, l’équipage de Xabi Fernandez a terminé à quatre reprise devant Dongfeng.

« Mais nous nous sommes très bien préparés et ce dans chaque département du team. Nous sommes déterminés à courir jusqu’au bout dans les meilleures conditions possibles. Mon équipage est dans le même état d’esprit que le miens. Ils veulent gagner la course et sont à 100% derrière moi - nous nous faisons confiance et le ‘fighting spirit’ est là, » ajoute le Français qui a remporté l’épreuve en 2012 au sein de l’équipage de Franck Cammas.

Charles admet ouvertement que ses marins - un groupe regroupant six nationalités dont deux expertes de l’olympisme, Carolijn Brouwer, Pays-Bas, et Marie Riou, France - éprouvent forcément de la frustration d’être derrière les Espagnols au classement général provisoire.

« Mes équipiers en ont forcément assez d’être derrière MAPFRE au général et si nous regardons ce que nous avons fait jusqu’à présent – et tout ce que nous avons bien fait -, nous avons juste besoin de ce petit plus qui peut faire la différence et nous allons tout donner pour aller le chercher. »


Cette étape est la plus longue de la course mais c’est aussi l’une des deux manches - sur les cinq qui restent à disputer - créditées d’un double coefficient. De plus, un point de bonus sera donné au premier bateau au Cap Horn. L’équipage de Caudrelier comprend plusieurs cap-horniers mais aussi des marins pour qui ce sera une première, à l’image de la Brestoise Marie Riou.

« Je suis très impatiente d’arriver au Cap Horn, » confie la quadruple championne du monde de Nacra 17. « Je n’aurais jamais imaginé aller là-bas dans ma vie car je suis habituée à la navigation côtière et olympique. Je voulais faire de la course au large mais je n’aurais jamais pensé faire le tour du monde et encore mois au sein d’une équipe de ce niveau sur la Volvo Ocean Race. C’est un grand rêve pour moi. »

Son compatriote Jérémie Beyou pourrait ainsi franchir le plus mythique des grands caps pour la seconde fois en un peu plus d’un an, suite à son passage lors du Vendée Globe 2015-16.

« C’est naturellement différent puisque, sur le Vendée Globe, le Cap Horn arrive comme une délivrance après un mois et demi de course en solitaire dont la majeur partie se déroule dans le Grand Sud. Cette fois, ce sera en équipage et après seulement deux semaines de mer, mais avec des concurrents presque à vue tout le temps. C’est toujours un moment très particulier et toujours difficile parce que les vents peuvent y être vraiment forts, comme la mer. Cela rend forcément la façon de préparer cette étape différente. »

Jérémie explique que l’équilibre entre performance et sécurité est la clé, notamment à la barre. « Vous avec la responsabilité du bateau dans vos mains. Alors vous devez aller vite mais vous savez que si vous faites une erreur, vous pouvez casser quelque chose ou, pire, les hommes. »


Le régatier chinois Chen Jinhao (Horace) est un autre bizuth du Pacifique Sud. Il est de retour à bord et remplace Liu Xue (Black) qui était sur l’étape précédente. Pour Horace, c’est un moment particulièrement émouvant puisqu’il pourrait devenir l’un des rares coureurs au large chinois à franchir le Cap des tempêtes, à l’image de Guo Chuan.


« C’est comme mon Everest, » confit le jeune homme de 26 ans. « Lors de la dernière édition, j’ai raté cette opportunité parce que j’étais blessé et je rêve depuis de relever ce défi. Pour notre équipage, c’est aussi un moment de vérité - nous sommes impatients de partir et de faire de notre mieux sur la phase la plus exigeante de la course. »

L’équipier d’avant Jack Bouttell (Australie/Grande Bretagne) sait que cette étape va être un véritable tour de force à la proue du monocoque de 20 mètres, notamment lorsque celui-ci surfera les immenses vagues qui déferlent d’Ouest en Est autour de l’Antarctique.

« Pour moi, l’étape se divise en deux parties : avant le Horn puis ensuite ce sera la longue remontée le long des côtes en direction d’Itajai (Sud de Sao Paulo), » explique-t-il. « Nous avons déjà fait une étape dans le Grand Sud (Cap Town-Melbourne) qui était plus courte que celle-ci mais très sollicitante donc si c’est encore comme cela, nous allons devoir repousser nos limites encore plus loin. »

Le navigateur français, Pascal Bidégorry, sait à quel point cette étape peut influencer la seconde moitié de la course et fait également remarquer que leurs adversaires n’ont fait qu’améliorer leur niveau de jeu.

« Nous devons bien naviguer dans des conditions difficiles et, à ce stade de la course, tous les bateaux peuvent aller vite dans le Grand Sud et attaquer fort, » résume le Basque. « MAPFRE est bien sûr impressionnant mais l’équipe d’AkzoNobel et celle de Sun Hung Kai Scallywag ont beaucoup progressé au cours des dernières semaines. Vestas 11th Hour est également de retour dans la flotte (ils étaient absents de la Leg 5 et 6) avec à bord des marins très expérimentés dans ces conditions. Enfin, il va falloir aussi compter avec Team Brunel qui embarque l’excellent barreur Thomas Rouxel (Français). »

C’est la deuxième campagne Volvo Ocean Race de Dongfeng Race Team. En 2014-15, l’équipe a terminé troisième, déjà avec le skipper Charles Caudrelier. En plus de la performance sportive, Dongfeng Race Team s’engage à aider le développement de la course au large en Chine.