Magnifique départ d’Auckland

L’ascenseur émotionnel avant « une étape pas comme les autres »

Le départ de la septième étape de la Volvo Ocean Race 2017-18 entre Auckland et Itajaí (Brésil) via le Cap Horn a offert un spectacle absolument magnifique au public de la Cité des Voiles ! En effet, ce dimanche ensoleillé et venté a révélé toute la beauté de la course au large. Entre l’émotion de laisser leurs proches pour 20 jours de mer dont plus de la moitié se dérouleront dans le Pacifique Sud et le combat qui a repris dès le coup d’envoi avec les Espagnols de MAPFRE, les marins de Charles Caudrelier (Dongfeng) ont déjà vécu une journée bien intense. Après un peu plus d’une heure de duel au contact entre les deux leaders de la course, l’équipage de Xabi Fernandez a quitté le Golfe d’Hauraki en tête, suivi de près par son ‘meilleur ennemi’. La première nuit s’annonce musclée, au près le long des côtes néo-zélandaises, où les rafales pourraient atteindre les 40 nœuds.


Le départ a été lancé à 14h00 (heure locale) dans 15-18 nœuds d’Est-Sud-Est. MAPFRE et Dongfeng prennent l’avantage, partant au vent de la flotte. Seulement 27 secondes séparent les ‘Red Rockets’ à la première marque. Les Espagnols résistent aux assauts des ‘Donguys’ qui passent à un mètre de leur tableau arrière à la fin du second bord de près. Mais alors que le vent a forci à 23 nœuds, les MAPFRE creusent l’écart le long du volcan de Rangitoto, porte d’entrée du Golfe d’Hauraki puis du Pacifique.



Le grand saut
Le sport et l’aventure vont se mêler dans le désert liquide le plus inhospitalier qui soit. Là, où se forgent les légendes. Et si les marins et leurs bateaux ont changé, l’océan reste le même. « C’est un moment particulier et j’ai le sentiment que les choses deviennent encore un peu plus sérieuses, » confiait le Français Jérémie Beyou. Troisième du dernier Vendée Globe, il sait de quoi il parle. « Nous allons dans les lieux les plus reculés du globe, cela n’a rien d’anodin. Quand on y a déjà été, je crois qu’on a encore plus d’anxiété. C’est aussi une manche importante pour le classement donc c’est du sérieux. »

En effet, cette étape compte double et, au général, cinq points séparent Dongfeng du leader MAPFRE (sur les 56 points encore à jouer sur la suite de la course). Mais ce matin, la performance n’était pas le principal. « Ce n’est pas une étape comme les autres. Nous allons dans le Grand Sud et passer le Cap Horn dans une douzaine de jours, ce qui est tard dans la saison et la météo y sera musclée. C’est l’une des seules étapes où tu es plus stressé par la sécurité que la performance. Aller là-bas, où il n’y a pas d’assistance possible, reste une aventure, » déclarait Charles Caudrelier avant d’embarquer. Ce dernier a démâté à deux reprises sur ce tronçon, une fois après le Horn avec Groupama de Franck Cammas en 2014-15 qui avait ensuite remporté l’épreuve, puis la seconde fois avec Dongfeng en 2014-15, en tant que skipper. L’équipage avait alors rallié Ushuaïa, sans enrouler le Cap.


Quatre bizuths du Horn

A bord de Dongfeng, Charles Caudrelier, Jérémie Beyou, Kevin Escoffier, Daryl Wislang et Carolijn Bouwer sont déjà Cap-Horniers. En revanche, quatre marins (dont le navigateur Pascal Bidégorry) attendent ce moment avec impatience et excitation. Pourtant, avant de larguer les amarres, le sourire de Marie Riou était tendu. « Ce sont des moments intenses en émotion car on laisse la famille, les amis derrière nous. Depuis ce matin, on est déjà dans la course et peu disponible dans notre tête. On a juste hâte de partir, » confiait-elle.

Carolijn Brouwer, la vie de maman poussée à l’extrême
« Tu es nerveuse ? », « Oui un peu mais ce sont les bons nerfs, ceux qu’il te faut pour partir, » échangeait Carolijn Brouwer avec son mari Darren Bundock (champion olympique de Tornado) et Nell, l’amie de toujours et « Nanny » de Kyle, 7 ans. Il sera demain à l’école à Sydney tandis que sa maman est en mer. La Néerlandaise de 44 ans a déjà enroulé deux fois le Cap tant redouté et l’envie est intacte. « J’ai couru deux fois la course avec des équipages 100% féminin et c’est la première fois avec un groupe mixte et de ce niveau. C’est quelque chose qui me correspondant vraiment et nous sommes déterminés à faire au mieux sur cette étape vers le Brésil, le pays où j’ai grandi mais la route est longue…»