Le Cap Horn, enfin

"Évidemment, nous pensons beaucoup à David (Witt) et à son team et tout spécialement à la famille de John Fisher car on ne vient pas là pour ça. Sur la Volvo Ocean Race on voit toutes les familles, tous les enfants et on ne peut pas s’imaginer à leur place," Charles Caudrelier.

Ce jeudi 29 mars, après plus onze jours de navigation dans les mers hostiles du Pacifique Sud, Charles Caudrelier et ses équipiers à bord de Dongfeng ont franchi le Cap Horn à 15h45 UTC (17h45 HF) en troisième position de la septième étape (Auckland-Itajai) du tour du monde à la voile en équipage. Team Brunel est passé en tête à 13h01 UTC, suivi deux heures plus tard (15h01 UTC) par Vestas 11th Hour, deuxième avec seulement 45 minutes d’avance sur Dongfeng. Le ‘Cap de Délivrance’ porte bien son nom ce soir tant les équipiers de cette 13e édition de la Volvo Ocean Race ont œuvré dans des conditions ventées depuis leur départ d’Auckland le 18 mars dernier. Mais bien au-delà, les marins sont profondément meurtris par la disparation de John Fisher, équipier britannique du bateau hongkongais Sun Hung Kai / Scallywag, tombé à la mer ce lundi.

Pour le navigateur Pascal Bidégorry, ce ‘Horn’ est une première. En effet, malgré sa carrière et son palmarès, le Basque de 50 ans s’est vu refuser par deux fois le passage du fameux cap sur avarie. C’est un bel accomplissement aujourd’hui, tout comme pour la régatière olympique Marie Riou qui n’imaginait pas aux derniers JO de Rio qu’elle ferait de la course au large et encore moins qu’elle serait cap-hornienne sur la Volvo Ocean Race. Dongfeng porte les couleurs de la Chine et a pour mission de contribuer à l’essor de la voile dans le pays. Chen Jinhao, connu sous le nom de Horace, agé de seulement 26 ans, vient de devenir l’un des très rares marins chinois à franchir le rocher légendaire. Enfin, l’australo-britannique Jack Bouttell réalise aussi un rêve de gosse. Cependant, l’esprit à bord n’est pas à l’euphorie et la joie est contenue.


Charles Caudrelier, particulièrement ému ce soir, « Passer le Cap Horn est censé être une fête à bord, maintenant elle est gâchée par cette histoire terrible qui fait partie de la vie de marin. Comme en montagne, les gens qui font de la haute montagne connaissent les risques. C’est moins fréquent en mer alors nous sommes beaucoup plus choqués. C’est un soulagement d’avoir passé le Cap Horn avec le bateau en bon état et tout l’équipage à bord. Évidemment, nous pensons beaucoup à David (Witt, skipper de Scallywag) et à son team et tout spécialement à la famille de John Fisher car on ne vient pas là pour ça. Sur la Volvo Ocean Race on voit toutes les familles, tous les enfants et on ne peut pas s’imaginer à leur place… d’un bateau qui arrive au port sans le papa, c’est terrible. »

Cette première partie de la septième étape s’est déroulée dans des conditions de navigations violentes. Le retour dans l’Atlantique Sud est un soulagement. Les paquets de mer devraient continuer de balayer le pont de Dongfeng encore quelques jours car la météo à venir s’annonce toujours musclée. Alors qu’il reste encore 2 000 milles (3 704 km) à parcourir, la course continue en essayant de préserver au maximum les marins et le matériel.


Info de dernière minute : l’équipage espagnol de Xabi Fernandez s’est arrêté pour se mettre à l’abri et effectuer des réparations : Le navire espagnol MAPFRE a informé la Direction de Course de la Volvo Ocean Race, quand il était à environ six milles du Cap Horn que l’équipage avait pris la décision de suspendre la navigation pour faire une réparation dans le rail de Grand Voile (sur le mât) et sur la Grand Voile elle-même....Tel qu’établi par les instructions de course, MAPFRE devra s’arrêter au moins 12 heures avant de pouvoir reprendre la navigation au même point où il a signalé la suspension. (Information site internet de MAPFRE)