SENS #4 - ‘La touche 65’ par Jérémie Lecaudey OBR

Lorsque quelque chose semble étrange, c’est principalement les vibrations du bateau, et tout le monde peut le sentir. Lorsqu’on est entré dans l’hémisphère Nord, on s’est rapidement retrouvé au milieu d’algues, tout autour du bateau. Très souvent, les safrans ou la quille en attrapent, et tu peux sentir instantanément que le bateau ralentit. Une solution est de plonger si les conditions sont très légères, mais en général on utilise notre vitesse pour nous en débarrasser. En résumé, on abat en grand pour changer l’angle au vent, ce qui, normalement, permet de libérer les algues coincées en dessous.

Se déplacer grâce au toucher pendant la nuit devient une habitude lorsque tu commences à te passer de ta lampe frontale. Aller de ta bannette aux toilettes devenant souvent la raison principale de tout déplacement.

Le Volvo Ocean 65 est presque entièrement couvert de grip, ce qui est plutôt utile en tenant compte de l’angle de gîte du bateau, atteignant souvent les 30 voire 45 degrés. Si tu arrêtes de porter des chaussures quelques temps, tu vas rapidement avoir une nouvelle épaisseur de peau qui te protégera du grip, seulement quand on est à terre… reste dans tes bottes, disent-ils.

Attraper des objets volants sur le pont est un sport à part entière. Gourdes, snacks, tasses de café, vestes, bottes, chaussures, lampes torches, mousquetons, caméras… on a tout vu. Les marins excellent en la matière, ils n’essaient même plus d’avoir l’air cool en rattrapant des objets dans 30 noeuds, sans payer attention à l’objet en question…