Dongfeng, troisième à Cardiff, reprend la tête de la Volvo Ocean Race

Après un nouveau dénouement d’étape intense cette nuit dans l’Ouest de l’Angleterre, l’équipage du Français Charles Caudrelier prend ce matin la troisième place de cette neuvième manche de la Volvo Ocean Race, disputée entre Newport et Cardiff.

Après 8 jours, 10 heures et 16 minutes de course, le bateau portant les couleurs de la Chine dans la compétition a franchi la ligne d’arrivée à 06h16 (heure française) ce matin, un peu plus d’une heure et demi après les deux Hollandais du plateau : le vainqueur de l’étape, Team Brunel de Bouwe Bekking et son dauphin AkzoNobel, skippé par Simeon Tienpont. Dongfeng accroche ici son sixième podium depuis le début de la course en octobre dernier. Et, alors que son rival MAPFRE termine cinquième de cette transatlantique à coefficient deux, Dongfeng reprend d’un point la tête du classement général provisoire, perdu à l’arrivée à Newport le 8 mai dernier. Nouvelle donne, à deux étapes de la fin à La Haye fin juin, les ‘Brunel’ s’invitent parmi les prétendants à la victoire et, avec trois bateaux en trois points, cette 13e édition du légendaire tour du monde en équipage avec escales a encore de belles heures de suspense à offrir !


« La Volvo Ocean Race est son apogée là, particulièrement intense, » déclarait hier soir le Néo-zélandais Stuart Bannatyne depuis le cockpit de Dongfeng qui glissait au ralenti sur une mer d’huile alors que, plus au Sud, les concurrents filaient à dix nœuds dans une veine de vent. Cette nuit a surement rappelé de bons ou de moins bons souvenirs de Solitaire du Figaro à Charles Caudrelier, Pascal Bidégorry et Jack Bouttell En effet, le skipper, le navigateur et l’un des deux équipiers d’avant de Dongfeng connaissent par cœur ces régates de monotypes, dans le courant et les cailloux, où tout peut basculer lorsque la marée s’inverse… Et bien, la Volvo Ocean Race se dispute en monotypes de 65 pieds et à Cardiff, ce n’est pas moins de 6 nœuds de courant dans le nez qu’il a fallu gérer dans la nuit noire. En passant par le Nord de la rivière de Bristol, il semble que les Chinois aient limité la casse et réussi à progresser doucement vers l’arrivée qu’ils ont atteint au petit jour.

L’objectif sportif primordial de cette étape était bien sûr de garder MAPFRE dans le tableau arrière et c’est chose faite. Le grand rival au classement général avait trois points d’avance au départ de Newport. Cinquièmes à Cardiff (Vestas 11hour racing étant quatrième), les Espagnols laissent donc leur place de ‘overall leaders’ à Dongfeng qui reprend la main…d’un point.

Très en forme depuis trois étapes, les ‘Brunel, ont gagné à Itajaí une étape qui compte double puis la victoire leur avait échappé de peu à Newport. Cette fois, les Hollandais, avec un certain Peter Burling à la barre, transforment l’essai à Cardiff, une nouvelle fois sur une manche à doubles points. Ils font donc naturellement une très belle opération au général avec seulement trois points de retard désormais sur les leaders Dongfeng.

« Nous sommes contents de ce podium, c’est bien car c’était une étape dangereuse et il ne fallait pas la rater, » confie Charles Caudrelier au ponton. « On ne réussit pas aussi bien que nous aurions aimé parce que Brunel remporte cette étape et cela fait un bateau de plus à contrôler pour la suite. Nous sommes tous dans un mouchoir de poche pour la victoire et ça va être un gros combat jusqu’à la fin. Sur cette étape, nous avons fait un choix mal payé et décevant par rapport aux prévisions météo. Ce n’était pas non plus une option complètement idiote car nous allions très vite. Nous avons distancé MAPFRE et sommes revenus sur ceux qui étaient partis sur l’option sud. Cela n’a pas suffi. La fin de course, on va l’aborder à trois bateaux et il va falloir se battre fort. »


En tête sans victoire d’étape

En effet, depuis le début de la course, les hommes et femmes de Charles Caudrelier ont été constants dans l’effort, toujours là, toujours présents, toujours rapides. Preuve en est qu’ils mènent aujourd’hui le classement général de la course sans avoir gagné une seule étape, c’est-à-dire sans avoir jamais bénéficié de point bonus qui crédite chaque vainqueur de manche. En revanche, Dongfeng a pour l’instant en stock le point bonus de la meilleure performance en temps de course cumulé depuis Alicante. Cela en dit beaucoup sur la solidité de ce groupe comptant six nationalités qui ne lâche jamais prise.

« Cette étape a été très difficile à gérer en termes de prévisions météo, » témoigne Pascal Bidégorry. « Nous avons coupé le Gulf Stream au bon moment je pense. Nous nous sommes battus de bout en bout. Toute l’équipe a tout fait pour revenir tout le temps en faisant notre maximum sur les manœuvres, les réglages des voiles, les placements. Nous avons poussé, poussé, poussé. Nous savions que nous avions le point sur le temps passé sur l’eau et nous savons qu’il fallait plus. Nous avons beaucoup supporté AkzoNobel pendant plusieurs jours et nous aurons préféré qu’ils gagnent cette étape. Nous avons été très constants depuis le depuis de la Volvo Ocean Race. Il y a plein de petits détails et nous aurions dû gagner à Newport. Maintenant, nous devons remporter une étape, terminer devant MAPFRE et Team Brunel. On a eu des moments de pression. On a passé un cap en arrivant à Auckland et avons pu changer deux ou trois choses pour mieux appréhender la course. La dernière édition nous n’avions pas de pression et on a gagné des étapes. Qualitativement, on navigue beaucoup mieux aujourd’hui. Là, nous n’avons fait que distancer nos adversaires, il y a une homogénéité dans la performance du bateau. Dans le sport, il faut des petits coups de pouce, la réussite, il faut savoir aller la chercher, j’espère que l’on va réussir à gagner une étape. Vu le niveau de nos concurrents directs, si on n’est pas en toujours en tête en Suède (prochaine étape vers Göteborg) ce sera compliqué. »