A quelle sauce vont-ils être mangés ?

Quel final pour Dongfeng et ses concurrents cette nuit et demain matin dans le fort courant en approche de Cardiff ? Après une transatlantique de huit jours depuis Newport, la fin de cette neuvième étape s’annonce une vraie torture pour les nerfs qui rappelle des arrivées de Solitaire du Figaro…Il est si rare qu’il est difficile de se rappeler à quand remonte la dernière fois où les concurrents de la Volvo Ocean Race ont dû jeter l’ancre pour ne pas reculer... Et bien, cela pourrait bien être le scénario à venir avec pas moins de six nœuds de courant attendus dans le canal de Bristol – bras de mer entre le sud du Pays de Galles et le Sud-Ouest de l’Angleterre – où se jette également la rivière Severn.

Pour rappel, cet estuaire a le deuxième marnage (différence du niveau d’eau entre deux marées) le plus élevé de la planète avec des marées printanières pouvant dépasser les 11 mètres et le seul moyen d’empêcher les bateaux de faire marche arrière - s’il y a peu de vent – est de jeter l’ancre (haute mer ce soir à 20h25, heure française).


A bord de Dongfeng, l’équipage de Charles Caudrelier, actuellement en troisième position, se prépare à cette fin d’étape qui sera décisive. Après avoir traversé l’Atlantique Nord avec les dépressions dans des conditions rapides et musclées, les sept hommes et deux femmes du bord sont déjà éprouvés physiquement et vont devoir redoubler d’énergie et de concentration.

« Nous sommes à 100 milles de l’arrivée. On vient de toucher un nouveau vent après une transition, c’est une très bonne nouvelle, » témoignait Charles cet après-midi. « Nous avons le bon vent pour les prochaines heures mais l’arrivée va être très compliquée. Peu d’air, beaucoup de courant, une nouvelle transition et un classement pas idéal car Brunel est actuellement en tête. Alors, nous faisons les comptes, on réfléchit, on rêve…On se dit ‘si on finit par les rattraper comme ils ont fait à Newport…que l’ont fait 1 et que Akzo fait 2 et que Brunel fait 3 et MAPFRE est pour l’instant 5, ce serait le scénario idéal’ mais nous n’en sommes pas là. Donc il y a du stress forcément parce que la Volvo Ocean Race se joue en ce moment. »

A 15 heures (heure française) à 100 milles de l’arrivée, le bateau sous pavillon chinois était à seulement 13,5 milles du nouveau leader Team Brunel et à 13 du deuxième, Team AkzoNobel. Vestas 11th Hour Racing, quatrième, était à 15 milles dans le sillage de Dongfeng et MAPFRE cinquième, à 50 milles…

Carolijn Brouwer espère que la situation malheureuse à l’arrivée de Newport ne se reproduise pas devant la capitale galloise. « C’est assez brumeux, et très nuageux avec une mauvaise visibilité ici, » confiait-elle depuis le cockpit du bateau rouge et blanc.

« Nous avons atteint la côte irlandaise et nous regardons plus loin pour anticiper si nous devons jeter l’ancre à cause du fort courant. Nous continuons à pousser dur avec les conditions que nous avons et à trouver la moindre occasion de nous rapprocher. »

« Nous avons vu des fins de course délicates dans le passé, » a-t-elle ajouté, « Nous venons d’en avoir une à Newport et nous pourrions en voir une autre à Cardiff. À Newport, cela n’a pas joué en nôtre faveur – espérons que ce ne soit pas le cas à Cardiff - et nous ne lâchons rien. »

Le changement de leader dans cette étape, avec Team Brunel réussissant à se faufiler derrière AkzoNobel, pourrait être significatif. Si l’équipage de Bouwe Bekking parvient à décrocher sa deuxième victoire en trois étapes - et après avoir terminé deuxième à Newport -, il pourrait entrer dans les vainqueurs potentiels de la course. Ce scénario changerait considérablement la donne dans les deux dernières étapes devenant alors une bataille à trois pour le titre entre Dongfeng, les Espagnols de MAPFRE et Team Brunel.